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Pétrole pas cher, une vraie bonne nouvelle ?

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La baisse actuelle du prix du baril de pétrole est en partie répercutée sur le prix de vente de l’essence en station. Mais un pétrole moins cher, à 47 dollars le baril contre 82 dollars il y a encore six mois, représente-t-il vraiment une bonne nouvelle pour l’environnement ? Cette baisse conjoncturelle doit-elle pour autant remettre en cause les investissements d’avenir dans les énergies renouvelables ? Eléments de réponse.

 

A 47 dollars, le prix du baril de pétrole est aujourd’hui à son plus bas niveau depuis juin 2009 en raison notamment d’une surabondance de l’offre. Sur une facture pétrolière pour la France de 60 milliards d’euros, l’économie budgétaire devrait s’établir à environ 20 milliards d’euros et nous permettre de gagner un point de PIB. Concrètement, cela se traduit à la pompe par une baisse remarquée du prix des carburants, y compris des carburants intégrant de 5 % à 85 % de bioéthanol (SP95, SP95-E10, Superéthanol E85), la baisse du pétrole n’entamant en rien l’avantage prix de ces derniers. Ainsi, le litre de Superéthanol s’affiche en ce début 2015 à 0,83 €/litre et celui du SP95-E10 à 1,30 (soit respectivement 10 centimes et 20 centimes de moins qu’il y a encore quelques mois). On peut certes voir dans ce pétrole moins cher un coup de pouce pour le porte-monnaie des automobilistes et un soutien à la croissance. Mais, cette « bénédiction conjoncturelle » est également « une malédiction structurelle » pour l’environnement, d’après les termes mêmes de Thierry Pech, directeur général de Terra Nova (*).

 

Engager la transition énergétique

 

Un pétrole peu cher ne doit pas nous inciter à différer la question de nos modes de transport ou de nos ressources énergétiques. En effet, le pétrole représente beaucoup de gaz à effet de serre alors que nous sommes déjà entrés dans la zone rouge (**) en ce qui concerne la concentration de CO2 dans l’atmosphère. Il ne faut pas démobiliser les industriels ayant lourdement investi dans les énergies renouvelables commes les biocarburants. Les économies générées par un baril moins coûteux doivent être réinvesties dans la transition énergétique. Parallèlement, de nombreuses voix s’élèvent demandant la restructuration du marché du carbone et du prix des permis d’émission de CO2. Un pétrole moins cher doit inciter à l’innovation car, comme l’écrivait récemment l’économiste Christian de Perthuis, la vraie question, au-delà de son prix, est bien celle de la surabondance du pétrole et non sa pénurie. Un pétrole moins cher doit nous conduire plus que jamais à réfléchir au contenu des transitions énergétiques à engager rapidement puisque notre planète ne peut désormais plus absorber davantage de CO2. Ne regarder que le prix à la pompe serait illusoire.

 

(*)Terra Nova est un laboratoire d’idées indépendant ayant pour but de produire et diffuser des solutions politiques innovantes, en France et en Europe.
(**) Zone rouge : le seuil de 400 parties par million (ppm) de dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique a été atteint en 2013 et ce, pour la première fois depuis l’apparition de l’Homme sur la terre.

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