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Bioéthanol : quelles implications au quotidien ?

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Les dernières Rencontres du bioéthanol ont apporté un éclairage approfondi sur la place des énergies renouvelables dans l’avenir du pays. Après avoir abordé les enjeux stratégiques mondiaux, ce second volet du dossier qui leur est consacré propose une synthèse des débats sur les implications du bioéthanol au quotidien.

Lieu d’échanges entre décideurs institutionnels, experts de différentes disciplines et professionnels du bioéthanol, les secondes Rencontres du bioéthanol se sont déroulées le 16 novembre 2011 autour d’un prestigieux plateau d’intervenants (voir encadré ci-contre) qui ont répondu à l’invitation de Bruno Hot, président du Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA), et de Stéphane Demilly, député de la Somme et président du Groupe de travail sur les biocarburants de l’Assemblée nationale.

Le bioéthanol dans la vie quotidienne

Le développement des utilisations de biocarburants en France et en Europe est encadré par la Directive européenne « Énergies renouvelables » d’avril 2009, qui fixe un objectif minimum de 20 % d’énergies renouvelables (EnR) dans la consommation énergétique globale à l’horizon 2020, sachant que l’objectif français est de 23 %. Pour contribuer à cet objectif, la part des EnR dans les transports devra atteindre, dans chaque pays membre, 10 % en 2020.

Un contexte dans lequel les biocarburants sont appelés à jouer un rôle déterminant. Ainsi que le souligne Yves Lemaire, spécialiste des produits énergétiques à la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), « environ 90 % des EnR utilisées dans les transports devront être du biocarburant, et les 10 % restant seront assurés par l’électricité… si le parc de véhicules électriques et hybrides atteint les 2 millions d’unités en 2020. »

Des consommateurs favorables au bioéthanol

Au-delà des orientations réglementaires, la montée en puissance des biocarburants dans les transports est un enjeu qui, en France, recueille de plus en plus largement l’adhésion des automobilistes. « 87 % d’entre eux se déclarent aujourd’hui prêts à utiliser les biocarburants, et un sur deux serait prêt à envisager l’achat d’un véhicule Flexfuel, note Federico Vacas, de l’institut IPSOS, en se référant à une enquête de novembre 2011. De plus, 64 % sont en mesure de citer au moins une bonne raison pour mettre plus souvent du SP95-E10 dans leur voiture, sachant que l’argument économique arrive en tête, suivi de l’impact écologique. Témoignant de cet intérêt, ils sont une grande majorité à souhaiter avoir plus d’informations sur ce carburant, en priorité dans les stations-service. Enfin, les Français expriment aussi la nécessité d’accroître le nombre de stations délivrant du SP95-E10 et du Superéthanol E85 pour une meilleure mise à disposition de ces carburants. »

Mieux informer les automobilistes

La question de l’accès aux carburants intégrant du bioéthanol et de l’information sur l’usage de ces biocarburants est aujourd’hui centrale pour les utilisateurs. Comme l’expose Bernard Chaud, vice-président du SNPAA, « il faut savoir que, en France, le bioéthanol est incorporé à l’essence de trois manières différentes. Tout d’abord, la totalité des essences « standard » (SP95 et SP98, ndlr) contient jusqu’à 5 % de bioéthanol depuis de nombreuses années. Ensuite, il existe deux carburants « débanalisés » : le SP95-E10, qui contient 10 % d’éthanol, et le Superéthanol E85, qui contient 85 % de bioéthanol, destiné aux véhicules Flexfluel. Bien que le choix de motorisation Flexfuel n’implique pas de surcoût à l’achat du véhicule et permette d’utiliser un carburant plus avantageux à la pompe, il reste encore circonscrit aux automobilistes les mieux informés. En revanche, le SP95-E10 est, en quelque sorte, devenu le carburant de M. et Mme. Tout-le-Monde car il est compatible avec l’ensemble des voitures mises en circulation après 2000, voire antérieurement pour certains modèles, soit plus des deux tiers du parc automobile français. »

Il faut alors que les automobilistes aient connaissance de cette compatibilité. Différents outils existent pour diffuser la liste exhaustive (établie par les Pouvoirs publics et publiée au Journal Officiel) des voitures et deux-roues compatibles au SP95-E10 :

  • Sur Internet : la mise en ligne d’un site dédié – www.E10.fr – permet de vérifier très facilement la compatibilité de son véhicule (voiture et moto) et d’accéder à toutes les informations sur le bioéthanol grâce au renvoi vers le site www.bioethanolcarburant.com ;
  • Dans les stations-service, un dispositif de communication a été déployé avec l’affichage de la liste des modèles compatibles au SP95-E10 sur les pompes, l’étiquetage avec informations sur le carburant des pistolets de distribution du SP95-E10 et la diffusion d’un guide d’information au personnel des stations pour renseigner les clients.

« Ces initiatives, qui représentent un important effort de la part des professionnels, vont dans le bon sens, mais il y a encore des progrès à faire dans la communication », tient à souligner un représentant du secteur pétrolier. C’est pourquoi les membres de la Collective du Bioéthanol ont demandé aux Pouvoirs publics de mieux informer les automobilistes sur ces carburants, d’encourager leur diffusion dans les stations-service et de préserver et renforcer les dispositifs de soutien au développement de la filière Flexfuel-Superéthanol, conformément aux engagements pris dans la Charte du Superéthanol en 2006.

2èmes Rencontres du Bioéthanol : les participants

Placées sous le Haut Patronage de Stéphane Demilly, député de la Somme et président du Groupe de travail sur les biocarburants de l’Assemblée nationale, en présence de Jean-Marc Bournigal, directeur de Cabinet du ministre de l’Agriculture, la seconde édition des Rencontres du bioéthanol a rassemblé des experts et décideurs issus de différents horizons :

• Stéphane Demilly, député de la Somme
• Bruno Hot, président du SNPAA
• Charles de Courson, député de la Marne, vice-président de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale
• Alfred Trassy-Paillogues, député de Seine-maritime, président du Groupe d’études sur l’Automobile de l’Assemblée nationale
• Luc Guyau, président du Conseil de la FAO
• Yves Lemaire, Direction générale de l’Énergie et du Climat
• Etienne Mercier, Institut PSOS
• Pierre Siquier, Fondation pour la Nature et l’Homme
• Jacques Biton, Déinove
• Jean Cadu, Shell
• Bernard Chaud, SNPAA
• Nicolas Jeuland, IFP Énergies nouvelles
• Eric Lainé, CGB
• Olivier Macé, BP
• François Maire, PSA Peugeot Citroën
• Frédéric Martel, Procéthol 2G
• Alfred Soto, Distridyn
• Georges Vermeersch, Esterifrance
• François Monath, 40 Millions d’automobilistes

En savoir +

> Sur les 2èmes Rencontres du bioéthanol : retrouvez tous les podcasts des intervenants dans l’onglet « Vidéo »

> Sur l’IFP Énergies nouvelles, organisme public de recherche, d’innovation et de formation dans les domaines de l’énergie, des transports et de l’environnement
http://www.ifpenergiesnouvelles.fr/

> Sur les perceptions, les attentes et les comportements des Français vis-à-vis des biocarburants : Enquête Collective du Bioéthanol, Ipsos, novembre 2011

Bon pour le porte-monnaie, bon pour le moteur, bon pour l’environnement

L’avantage-prix du SP95-E10 par rapport aux autres essences constitue également un axe de communication déterminant. « Ce carburant est-il bon pour mon porte-monnaie ? Est-il bon pour mon moteur ? » C’est à cette double interrogation que les acteurs de la filière doivent apporter une réponse à la fois plus visible et facile à appréhender par les automobilistes-consommateurs. Au plan économique, le SP95-E10 est moins cher de 4 centimes en moyenne que le SP95 sur un même réseau de distribution. Sur la question technique, les consommateurs peuvent être pleinement rassurés car la compatibilité des véhicules recensés dans la liste officielle est totalement assurée, avec l’aval des constructeurs.

Des initiatives telles que le site bioethanolcarburant.com contribuent à diffuser une information concrète et actualisée sur ces différents points concernant l’utilisation du SP95-E10 et du Superéthanol E85. Mais il est indéniable que des efforts supplémentaires restent à accomplir pour sensibiliser les automobilistes aux enjeux de l’incorporation de bioéthanol dans l’essence. Y compris au plan de l’impact environnemental dans la mesure où le bioéthanol permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 49 % jusqu’à 66 % par rapport à l’essence (étude Ademe 2010). En outre, le bioéthanol produit en France répond aux critères de durabilité fixés par la Directive européenne sur les énergies renouvelables et contrôlés par un organisme de certification indépendant. Un argument qui mérite également d’être mieux connu des consommateurs pour les aider à éclairer leur choix.

En quoi le bioéthanol est-il un atout économique pour la France ?

– Le bioéthanol occupe une place importante dans le nouveau bouquet énergétique de la France : il réduit la dépendance du pays au pétrole et contribue au développement de solutions alternatives d’énergies plus respectueuses de l’environnement.
– Il permet également à la France de progresser dans ses engagements européens relatifs à l’incorporation d’énergies renouvelables, avec notamment l’objectif d’atteindre 10 % de bioéthanol dans toutes les essences en 2020.
– Enfin, le bioéthanol crée de la valeur économique pour la Nation grâce aux importants investissements industriels mis en œuvre et via une activité fortement créatrice d’emplois durables – et non délocalisables – dans les secteurs agricole et industriel (5 000 emplois directs en 2011).